La forêt guyanaise est un endroit unique au monde qui ne ressemble à aucune autre. Pour tout vous dire, c’est pour cette authenticité et ce rapprochement avec la nature qui nous a donné envie de quitter l’hexagone pour vivre en Guyane. Cet écrin de verdure sud-américain, entre fleuves et rivières, cache une biodiversité incroyable mais si fragile à la fois, qu’il est plus qu’important de protéger !
Pour les amoureux de Nature tel que nous, la Guyane offre tout un panel d’aventures accessible à tous : que l’on soit en famille, entre amis, en solo ou même en couple, l’évasion est juste à portée de main …
Comme vous le savez, notre arrivée en Guyane a été un véritable parcours du combattant ! Après toutes nos mésaventures en France, mes soucis de santé ont perduré ici ce qui nous a contraint de rester sagement à la maison ces derniers mois. Depuis deux semaines, je vais beaucoup mieux et nous pouvons (enfin) en profiter pour explorer cette nouvelle région qui promet de belles surprises.
On a débuté cette première semaine de vacances par la découverte de l’Ouest de la Guyane. Plus simple pour nous et surtout, plus accessible puisque nous résidons dans ce coin là. Et quoi de mieux qu’une balade en canoë-kayak sur la rivière Balaté pour commencer ? Dans cet article de blog, on partage cette micro-aventure en famille avec vous tout en vous donnant quelques conseils pour réussir votre sortie en canoë-kayak sur le Balaté.
Prêt pour la découverte ?
Faire du canoë-kayak sur la rivière Balaté en Guyane
Trouver un hébergement à Saint-Laurent-du-Maroni
5 km aller-retour / 2H15 environ
Carte pour explorer la rivière Balaté en Guyane
Cette balade en canoë-kayak, on l’attendait avec impatience depuis qu’on a mis la main sur une embarcation de seconde main trouvée par un heureux hasard sur Facebook. Pour cette première sortie, on cherchait un coin sympa dans les environs de Saint-Laurent-du-Maroni qui soit à portée de tout le monde car les enfants nous accompagnaient.
Il est possible de débarquer le canoë-kayak à plusieurs endroits à SLM et en suivant les recommandations de certains, notre choix s’est finalement porté sur la rivière Balaté. L’île aux Lépreux nous faisait de l’oeil ainsi que l’épave Edith Cavell mais comme on recherchait un plan d’eau calme sans trop de difficultés, la rivière Balaté était selon nous un des meilleurs choix pour un moment 100% évasion. Autant vous dire que de ce côté là, on a été servi ! Vous comprendrez vite en lisant la suite …
Après avoir consulté la météo et l’horaire des marées, un après-midi nous avons rejoint le Village Balaté à Saint-Laurent-du-Maroni pour débarquer à la Pointe Balaté (pour info, elle se situe entre le restaurant la Goélette et le club de canoë-kayak CCKM). Si vous vous sentez pas de le faire seul, le club propose des sorties avec des guides brevetés >> pour + d’infos, RDV en bas de l’article.
Pour accéder à la rivière Balaté, c’est plutôt simple en théorie : on met à l’eau notre canoë-kayak à la Pointe Balaté, on rame cinq minutes sur le fleuve Maroni tout en longeant le littoral sur sa gauche pour rejoindre l’embouchure plus haut. En pratique, on s’est laissé surprendre par le remou du fleuve au moment de monter dans le canoë-kayak ce qui fait qu’on a pris un peu l’eau et on a du écoper par la suite … Malgré ce petit incident (comme on dit, c’est en faisant des erreurs qu’on apprend !), on a facilement rejoint la rivière Balaté qui était pour sa part, beaucoup plus calme. Du coup, nous n’avons pas de photo de ce départ “à tâtons” !
Après avoir dépassé une petite plage de sable blanc, nous laissons derrière nous l’eau quelque peu agitée du fleuve Maroni pour arriver au niveau de l’embouchure. Le dépaysement est déjà à porter de main : une végétation tropicale dense et entremêlée bordant la rive tout en laissant apparaître par-ci par-là des maisons de Balaté (village amérindien Arawak jouxtant Saint-Laurent-du-Maroni).
L’eau est plutôt calme, nous rencontrons des locaux s’adonnant à la nage et à quelques sauts périlleux depuis les hautes branches. La plupart des arbres que nous croisons ont des racines aériennes, il y a beaucoup de plantes épiphytes telles que des broméliacées sur les branches du rivage. Elles ont la particularité de se servir des autres végétaux comme support.
En tout cas, les enfants sont aux anges ! On profite de cette escapade en famille pour prendre un bol d’air frais à la sauce guyanaise. Après avoir passé le pont Balaté qui permet de rejoindre Saint-Jean et Apatou, nous laissons la civilisation derrière nous. De rares bruits de voitures, le chant des oiseaux et des insectes. Pour le moment, nous n’avons vu aucun animal, pourtant nous ouvrons bien grand les yeux à l’affut du moindre mouvement.
Les moucous-moucous commencent à envahir les berges. On retrouve principalement cette plante de la famille des Aracées en milieu marécageux et sur les fleuves, comme dans les marais de Kaw ou les Pripris de Yiyi. Les “pieds” dans l’eau, sa longue tige cylindrique creuse et épineuse peut atteindre jusqu’à 3 à 4 mètres de haut. Ces larges feuilles cachent de petits fruits rocailleux et globuleux mais sa particularité revient à son inflorescence qui produit de la chaleur la nuit. C’est d’ailleurs une source de nourriture pour les lamantins ! Mais attention, la sève est irritante pour la peau, vous êtes prévenus …
Savez-vous que la forêt tropicale tapisse près de 95% de la surface totale en Guyane ? Ce qui fait qu’on est facilement en pleine Nature même à deux pas de la maison. En temps normal, on compte des centaines de pirogues sur le Maroni, fleuve frontière entre le Suriname et la Guyane. Mais en raison de la situation sanitaire actuelle, il y en a beaucoup moins en ce moment ce qui fait qu’on profite de cette sortie en canoë-kayak pour les admirer dès qu’on en voit sur le Balaté.
Celles que vous voyez en photo sont des pirogues bushinenges à moteur. Ce sont les seules à s’aventurer sur le Maroni à travers les torrents impétueux et les gouffres tourbillonnants. Beaucoup font appel à eux car ce sont des spécialites de la navigation sur ce fleuve. Elles sont en général fabriquées dans un tronc d’arbre creusé et d’une seule pièce, les côtés sont parfois relevés par des morceaux de bois.
Sur le parcours, nous tombons sur de belles fleurs de cacaoyer d’eau, plus connu sous le nom de cacao-rivière. On retrouve cet arbre au contact de l’eau douce, comme ici et il dépasse rarement les 20 mètres de haut. On le reconnait grâce à ses fleurs qui donnent l’impression d’avoir été épluchées comme une banane, au centre on observe de longues étamines blanches à la pointe rosée. Son fruit est aussi dénommé la cabosse, un peu comme le vrai cacao sauf que les graines se rapprochent plus de la châtaigne.
Dans un virage, une familière odeur de vesou et de bagasse titillent nos narines ! Nous approchons d’une distillerie fumante plutôt connue dans le coin, c’est d’ailleurs la seule sur tout le territoire guyanais ! Pour les novices, le vesou est le jus de canne obtenu lors du broyage de la canne à sucre et la bagasse, est le résidu sec de la canne qui permet d’alimenter les chaudières.
La rhumerie Saint-Maurice fabrique depuis 1981 la célèbre marque la Belle Cabresse aux abords de la forêt amazonienne. Son propriétaire, Ernest Prévot, se bat depuis des années pour faire reconnaitre le rhum guyanais sur le marché mondial. Après avoir modernisé sa production en 2015, ce rhum agricole a été plusieurs fois récompensé notamment au Rhum Fest de Paris. Pour la petite histoire, près de 100 hectares de canne à sucre sont récoltés chaque année d’aout à décembre, et à la main svp.
En passant devant cette mythique rhumerie, ça nous a rappelé les distilleries de Martinique quelques instants …
Après avoir passé la rhumerie Saint-Maurice, vous pouvez faire demi-tour pour entamer le chemin du retour ou bien continuer un peu plus sur le Balaté. Comme il n’était pas trop tard, nous avons décidé de prolonger l’aventure et c’est ainsi que nous sommes tombés sur … quelque chose ! Impossible de vous dire exactement ce que c’était : branche ? Je ne pense pas car ça remuait pas mal dans l’eau … Boa constrictor peut-être ? Mais il me semble qu’il reste plus sur terre ou dans les branches. Ou bien un anaconda ? Surement mais je ne suis pas sure pour la couleur. Bref, tout ça pour vous dire que si vous avez une réponse, on est preneur !
Comme on avait les enfants, on a pas osé s’approcher de peur de l’effrayer et qu’ils nous attaquent. Du coup, on s’est juste contenter de le prendre en photo de loin et de faire demi-tour. Malgré tout, j’y retournerai bien sans les loulous cette fois-ci pour explorer plus en détails cette rivière …
Sur le retour, juste avant le pont Balaté, nous sommes tombés sur un petit passage menant dans la mangrove. On a pris notre courage à deux mains et nous sommes entrés dedans. Et quelle surprise ! Après avoir dépassé des palétuviers, on est tombé sur des dizaines d’arbres à contreforts aux multiples racines qu’on appelle ici “moutouchis-marécages“. Pas une seule lumière ne filtrait à travers la canopée. L’ambiance était vraiment surréaliste, on avait l’impression de revoir un passage du célèbre film “Les Pirates des Caraïbes”, la fameuse tanière de Calypso sur l’île Pelegostos.
On a juste pris quelques photos et nous avons vite rebroussé chemin, par manque de temps.
En sortant de l’embouchure de la rivière Balaté, le fleuve Maroni est déjà plus calme qu’à l’aller ce qui nous permet de remonter tranquillement le littoral jusqu’à la Goélette et même de faire une dernière photo juste avant d’accoster. En tout cas, on se souviendra de ce bel après-midi en canoë-kayak en famille, c’est sur ! Et il nous tarde déjà d’y retourner et de faire une sortie à la journée pour explorer la rivière plus en amont.
Est-ce qu’on vous la recommande ? Oui à 100% !
La rivière Balaté en pratique
• Détails du parcours : 5 km A/R – durée : 2H15 environ – Niveau : facile. Le départ se fait depuis la Pointe Balaté entre la Goélette et le club CCKM, on remonte la rivière Balaté jusqu’à la distillerie Saint-Maurice.
• Où louer un canoë-kayak : Si vous n’êtes pas équipés en canoë-kayak, on vous conseille d’en louer avec son équipement au club CCKM de Saint-Laurent du Maroni. Le tarif est de 15€ la demi-journée pour un adulte et 20€ la journée. Pour les mineurs, c’est 10€ et 15€. Il est également possible d’explorer la rivière Balaté avec un moniteur breveté, pour plus de renseignements, contacter le 06 94 38 98 37.
• Nos conseils pour réussir sa sortie en canoë-kayak : sachez qu’une balade en canoë-kayak ne s’improvise pas au dernier moment ! Il faut un minimum d’organisation et de préparation surtout pour une journée en plein air et sur l’eau car les conditions de navigation peuvent vite changer. Tout d’abord, au moins la veille :
– Il faut consulter la météo : site météorologique pour Saint-Laurent-du-Maroni. Attention, la météo n’est pas la même sur terre et sur mer !
– Jeter un oeil à la prévision des vents : Windfinder.
– Et s’informer des marées : l’idéal est de partir à la bonne marée soit en marée haute pour éviter la vase présente sur une partie du littoral. Nous regardons sur ces deux sites : SHOM au dégrad de Cannes et Cabaigne avec les horaires des marées de Saint-Laurent-du-Maroni.
• Matériels indispensables : forcément un canoë-kayak, des pagaies et des gilets de sauvetage. Le portable dans une pochette étanche pour alerter les secours au cas où, une trousse à pharmacie de 1er secours, de l’eau (au moins 1L / personne), un casse-croute, crème solaire, une lotion anti-moustique (à emporter car perso, on en a pas eu besoin), un poncho ou kway en cas de pluie (mais si vous avez regardé la météo, normalement, vous en aurez pas besoin !), une serviette de bain pour le retour avec rechange que vous laisserez dans la voiture, une petite lampe (on en emporte toujours une au cas où), la machette mais ce n’est pas indispensable, l’appareil photo / GoPro. Tout ceci sera rangé dans une touque ou un sac étanche de kayak. On sauvegarde toujours une carte sur notre téléphone. Sur soi : maillot de bain, tee-shirt / short et chaussure aquatique, casquette / lunette de soleil.
• À savoir : Lorsque vous partez en balade, pensez à avertir un proche de votre destination. Et surtout, ramenez tous vos déchets avec vous ! Pour ça, n’oubliez pas de prendre un sac pour les collecter et pourquoi pas, en ramasser si vous en voyez …
On espère que cet article vous aura donné envie de tenter la balade à votre tour,
En attendant, n’hésitez pas à commenter, partager ou épingler sur Pinterest.
A très bientôt sur le blog,
La famille Ti’ Piment
* Cet article contient des liens affiliés.
6 commentaires
Bonsoir Marjorie . Comme toujours l’article est hyper intéressant et les photos magnifiques ! on était presque avec vous dans le canoë :).
En ce qui concerne la photo de l’animal douteux……j’ai bien l’impression que c’était un anaconda ! A la maison, on est unanime ( oui , oui on regarde votre blog en famille!)
En tout cas, vous avez tous l’air aussi à l’aise en Guyane qu’en Martinique , c’est vraiment chouette de vous voir apprécier votre vie.
J’ai hâte de voir la suite . A bientôt.
Coucou Sonia, désolée pour le retard je pensais r’avoir répondu … Merci pour ton message, ca fait plaisir d’avoir des retours de nos lecteurs !! Ah toi aussi tu as l’impression que c’est un anaconda ? C’est bien ce qu’on se disait, on a bien fait de pas trop s’en approcher. Franchement la Guyane c’est super, elle fait l’objet de pas mal de stéréotypes mais au final, c’est un petit paradis vert. Après c’est sur, il y a pas de plages paradisiaques comme en Martinique (sauf ile du salut) mais on s’y plait bien:) A très vite, Marjorie
tres sympa cette balade, faudra vraiment qu’on se la fasse ensemble
Carrément ! Pendant les vacances de Noel si vous voulez :)
ben la vu qu’on va aller à La Réunion ca sera plutot les vacances de février mais pas de soucis, on est partant
super cette sortie sur l’eau et au moins, vous avez l’air à l’aise, même Mimi semble ravie – merci pour tout ce partage, je suis contente de vous suivre et de voir ce que vous faîtes – bonne continuation – des gros bisous