Comme tu le sais, nous déménageons cet été en Guyane suite à la mutation de Nicolas. J’en ai donc profité pour interviewer Céline, installée justement en Guyane depuis 6 petits mois avec sa famille. Son témoignage complet et réaliste permet de se faire une idée de ce qui nous attend là-bas. Beaucoup ont une mauvaise image de la Guyane. Pourtant ce territoire est d’une richesse incomparable ! À toi d’en juger ;)
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VIVRE EN GUYANE :
Retour d’expérience de Céline installée en Guyane depuis 6 mois
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La Guyane, mais pourquoi donc ?
Je m’appelle Céline, j’ai 42 ans et je suis installée en Guyane depuis 6 mois, avec mon conjoint Pierre et notre fils Thomas âgé de 5 ans. Je suis née à Tours, ville que j’ai quittée dès l’âge de 3 ans pour l’Afrique du Sud, puis la région parisienne, la Chine, Lyon, l’Espagne, Lille, Nancy, Grenoble … Bref, j’ai très jeune attrapé le virus du voyage et cela, de façon irréversible. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser un « Tour du Monde » en solitaire, pour ensuite quitter mon métier d’ingénieur afin de continuer à voyager et devenir blogueur voyage (www.globetrekkeuse.com), métier que je continue d’exercer actuellement.
Avant de partir en Guyane, nous habitions Grenoble, un choix de cœur proche des montagnes permettant à Pierre de garder un métier « sédentaire » tout en m’autorisant à continuer de voyager au plus près de la nature. Vous l’avez compris, j’ai plutôt un caractère nomade et j’ai ainsi pu réaliser, avec Thomas alors âgé de 3 ans, un tour de France et un tour de Suisse en van aménagé ayant tous deux pour fil rouge les merveilles de la nature.
Cela faisait plusieurs années que nous souhaitions tenter en famille l’expérience de l’expatriation. Si je peux exercer mon métier de blogueur à peu près partout dans le Monde, il fallait que Pierre trouve un poste au sein de son entreprise, et les places sont chères ! Il a fallu être très patient et c’est avec beaucoup d’excitation et de joie que nous avons finalement appris que ses compétences étaient nécessaires en Guyane.
J’ai accepté cette destination sans aucune hésitation, charmée par avance par un territoire recouvert à 97% d’une forêt équatoriale parmi les plus riches au monde. J’ai ensuite préféré écouter mon intuition que les clichés véhiculés. La Guyane n’a en effet pas bonne presse : moustiques porteurs de maladie, animaux sauvages dangereux, insécurité, orpaillage illégal, territoire de bagnards, humidité et chaleur extrême … Il n’aurait pas été difficile de se laisser décourager en chemin. Alors oui, il y a bien des animaux un peu effrayants tels que les mygales, les serpents ou les jaguars mais ils restent le plus souvent cachés et on croise plus fréquemment des iguanes, des saïmiris, des paresseux ou de jolis papillons bleus appelés « morpho ». Les moustiques sont bel et bien voraces et peuvent être porteurs de maladie tels que la dengue ou le paludisme. Le climat par contre, bien que chaud et humide, est tout à fait supportable, du moins sur le littoral. Je reviendrai un peu plus loin dans ce témoignage sur les plus et les moins de ma vie en Guyane.
Intégration et vie pratique en Guyane.
Nous avons eu la chance de pouvoir faire prendre en charge notre déménagement par l’employeur de Pierre. Habitués à déménager régulièrement, nous accumulons peu et l’intégralité de nos affaires nous ont suivi jusque Cayenne dans un conteneur, qui a mis un bon mois pour arriver (prévoir 1 semaine de plus que la prévision, le bateau et les dockers n’étant pas pressés de livrer …). Nous avons également fait venir deux voitures en conteneur depuis la métropole, leur prix étant très cher en Guyane pour une qualité médiocre (les voitures s’usent vite sous les tropiques). Il faut compter 2000 euros par véhicule pour la traversée en conteneur. Mais pourquoi deux voitures, me direz-vous ? C’est l’un des gros inconvénients de la vie en Guyane. Il est impossible ou presque de se déplacer en vélo. Les villes sont étendues (nous habitons à 6 km de l’école la plus proche), les pistes cyclables rares et la météo pas très complaisante avec les cyclistes (il pleut la moitié de l’année, et le reste du temps, il fait chaud avec 80% d’humidité).
Point de vue circulation, nous n’échappons pas aux embouteillages vers Cayenne le matin vers la périphérie le soir. En Guyane, pas d’autoroute. Il n’existe que 2 routes nationales reliant les principales villes situées sur le littoral. L’accès aux communes de l’intérieur se fait quant à lui par avion (aéroports à Cayenne, Saül et Maripasoula) ou par pirogue. Nous habitons à Remire-Montjoly, banlieue résidentielle de Cayenne. Nous avons rapidement trouvé une maison correspondant à nos critères mais il faut savoir que les loyers sont chers, voire très chers pour certaines maisons situées à proximité des plages. Nous avons opté pour une piscine, très appréciable ici, d’autant plus que (et c’est le second inconvénient de la vie en Guyane), la mer est couleur… marron ! Le littoral est en effet recouvert d’une bande plus ou moins large de vase issue des sédiments charriés par l’Amazone qui se jette 500 km plus au Sud au Brésil. On peut certes s’y baigner mais ce n’est tout de même pas le même plaisir que les lagons de Polynésie. Ici, on opte davantage pour le kitesurf que la plongée ! La piscine est donc la bienvenue et nous l’avons utilisé quasiment tous les jours depuis notre arrivée. Petit conseil maintenance : une piscine au sel, sinon rien.
Thomas est scolarisé en moyenne section de maternelle dans une école publique de Remire- Montjoly. Il a été rapidement affecté à une école mais ce n’est pas toujours le cas. Certains parents ont dû patienter plusieurs mois avant de pouvoir scolariser leur enfant à Cayenne. La rentrée a été difficile pour lui, d’autant plus qu’il l’a faite au mois de novembre, alors que les autres enfants avaient déjà fait connaissance. Il a pleuré tous les matins pendant plusieurs semaines avant de s’habituer à ce nouvel environnement et se faire de nouveaux amis guyanais (2 « métro » dans une classe de 25 élèves). Les horaires de classe sont de 7h30 à 14h40 et j’ai préféré ne pas le laisser au périscolaire pour pouvoir profiter ensemble de la découverte de notre nouvelle région.
Pour ma part, je poursuis mon métier de blogueur voyage en Guyane, tel que je le faisais en métropole ou presque. En réalité, je rédige plus et voyage moins… Mes partenaires restent essentiellement européens et il est difficile de trouver des partenariats avec des professionnels du tourisme implantés en Guyane, la communication transitant essentiellement par Facebook et Whatsapp, peu par les sites internet. Je n’éprouve pour le moment pas le besoin de passer les frontières, ayant près de chez moi tout ce que je recherche : une nature généreuse, des animaux sauvages à observer, une culture (plusieurs en réalité : créole, amérindien, noir-marron, hmong…) à découvrir, des fruits exotiques à volonté et une douceur de vivre contagieuse. Je crois que j’étais tout simplement faite pour la vie en carbet ! (Ecotourisme en Guyane, 10 raisons de dormir suspendu dans un carbet). Nous nous sommes très rapidement faits de nouveaux amis, la solidarité entre « expatriés » étant bien réelle. Ce sont essentiellement des « métros » avec lesquels nous partageons l’envie de découvrir les sentiers et les richesses naturelles, culturelles et patrimoniales du territoire, ainsi que nos coups de cœurs et étonnements. Pour apprendre à mieux connaitre les guyanais et créer des liens d’amitié, il nous faudra évidemment davantage de temps.
Vivre en Guyane, le verdict.
Je suis pour ma part convaincue d’avoir fait le bon choix et pour le moment totalement sous le charme de ce département atypique. Notre vie ici nous rapproche un peu plus encore de la nature, non seulement lors des escapades en forêt mais également au quotidien. Nous cultivons des bananes, des maracujas et des ananas dans le jardin ainsi qu’un potager qui s’avère être assez prolifique. Nous avons adopté 2 poules pondeuses ainsi qu’un chien, et passons la plupart de notre temps dehors. Je fais régulièrement le marché, mange peu de viande et cuisine moi-même pain, biscuits, compote, yaourts, glaces… ce qui me permet de limiter notre budget « nourriture ». Certains produits en supermarché peuvent en effet être jusqu’à 50% plus chers qu’en métropole. D’après les personnes installées depuis plus longtemps que nous ici : la Guyane, tu l’aimes ou tu la détestes. Je vais néanmoins tenter de lister quelques-uns des points positifs et négatifs de ma vie en Guyane, sachant qu’il y a toujours une part de subjectivité dans ce type d’exercice.
Points positifs en Guyane :
– Une nature généreuse et omniprésente même aux abords des villes, propice aux randonnées et autres activités outdoor : forêts, criques, savanes, plages et océan …
– Des animaux sauvages à observer au quotidien : paresseux, saïmiris, ara-macao, toucans, caïmans, mygales, iguanes, loutres géantes, tortues …
– Une température moyenne de 30°C permettant de passer son temps en extérieur,
– Une intégration facile grâce à une population dans l’ensemble tolérante vis-à-vis des « métro » ,
– Des marchés colorés et vivants remplis de délicieux fruits exotiques,
– Une population multi-culturelle offrant une grande diversité d’activités et évènements,
– Une région peu touristique, propice à la découverte et l’aventure.
Points négatifs en Guyane :
– L’obligation de se déplacer en voiture, même au quotidien,
– Le coût de la vie (environ 20% plus cher),
– Un système de santé moins performant qu’en métropole,
– L’éloignement géographique avec la métropole,
– L’impossibilité de voyager facilement dans les autres pays d’Amérique du Sud, l’aéroport de Cayenne étant très mal desservi.
Quelques endroits incontournables en Guyane :
J’ai encore beaucoup à découvrir notamment à l’intérieur des terres plus difficiles d’accès, mais jusqu’à présent, mes moments coups de cœur en Guyane sont les suivants :
– Observer des paresseux au cours d’une randonnée en forêt primaire,
– Se laisser surprendre et attendrir par les saïmiris de l’ilet La Mère,
– Assister à un décollage de fusée depuis Kourou (environ un décollage par mois),
– Se baigner dans une crique désertée après plusieurs heures de marche en forêt,
– Explorer la mangrove en canoë,
– Découvrir des sites naturels d’exception tels que le marais de Kaw ou le lac de Petit Saut,
– Tester le kitesurf sur les plages de Remire-Montjoly,
– Partir en carbet entre amis, faire un barbecue et dormir en hamac,
– Venir à bout du « Molokoï », le plus long sentier de randonnée de Guyane,
– Participer au carnaval, aux parades mais aussi aux « vidés ».
Le mot de la fin.
Malgré sa mauvaise réputation, la Guyane est un véritable petit coin de paradis pour les amoureux de nature. La vie y est de plus très agréable, les gens accueillants et les activités outdoor nombreuses. On trouve tout ce qu’il faut sur place mais la vie y est plus chère. Je conseille de consommer local, d’apprendre à recycler un maximum (les meubles en palettes, ça peut être très chic) et de cultiver un jardin. La piscine est un vrai « plus », surtout avec des enfants et gare au voisinage lors du choix de la maison, les chiens servent souvent de gardiens et peuvent être très bruyants voire agressifs.
Quelques autres désagréments que l’on découvre tous en arrivant : un réseau téléphonique et internet onéreux et aléatoire, des coupures d’électricité plus fréquentes, des invasions de moustiques ou de potofios (genre de termites ailées) à certaines périodes de l’année, des programmes TV qui ne commencent pas avant 22h ou encore l’impossibilité de trouver des fraises ou du Comté à un prix abordable … (par contre la bière locale, la « Jeune Gueule », est délicieuse). Mais ceux-ci apparaissent finalement dérisoires face à la chance que j’ai de pouvoir vivre sur un territoire français hors du commun dont les plus grandes richesses se trouvent encore à l’état sauvage. Espérons que cela puisse durer éternellement …
Merci beaucoup Céline pour ce témoignage passionnant ! On a hâte d’être en Guyane et qui sait, on pourra se rencontrer autour d’une “Jeune Gueule” !
Et toi cher lecteur, ça te tente de t’installer en Guyane ? Connais tu déjà ce DOM-TOM ? As-tu des questions pour Céline ? N’hésites pas à les poser en commentant cet article ;)
Si tu vis toi aussi dans les DOM-TOM et que tu veux apporter ton témoignage, fais nous signe et envoie nous un petit mail à : tipiment.contact@gmail.com .
On sera ravie de partager ton expérience par ici :)
A très bientôt sur le blog,
Marjo & Nico
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14 commentaires
Ai bien apprécié cette lecture.. pour être aussi en GUYANE depuis 6 mois !
( l’usage du vélo à Kourou aussi ) Que dirais tu à des gens qui viennent de la Réunion ?
Merci !
LiLi
Bjr Pouvez vous me dire le prix de loyer maison 2 chambre avec une piscine meublé . En vous remerciant
La chaleur est insupportable avec le taux d’humidités assez élever et les moustique
Moi j’ai des amis qui ce sont installez et pour eux, La chaleur est insupportable avec le taux d’humidités assez élever et les moustique
C’est sur qu’il faut pas craindre la chaleur mais après on s’y fait. Au bout d’un an, on arrive à différencier les deux saisons et à sentir la “fraicheur” en saison des pluies. Pour les moustiques, perso, y’en a moins ici que dans le vaucluse où on était en été !
Bonjour Mme Céline, très beau profil autant positif que négatif de cette Guyane. Nous sont de Belgique on hésite a venir s installer ds ce pays
Bonjour
Merci pour votre récit qui me semble réaliste et honnête
malgré des Aprioris de métropolitain
je pense demandé une mutation en Guyane
Amicalement
Bonjour
Je réfléchis à demander une mutation à Saint Laurent-Maroni en tant qu’enseignante. Connaissez-vous cette ville ? Peut-on s’y loger facilement ? D’autre part je n’ai pas de véhicule, est-ce possible de louer une voiture de temps en temps ?
Merci d’avance pour vos réponses (je dois donner la mienne avant le 4 avril)
Cécile
bonjour j suis infirmière au Congo Brazzavill j veux vivre et travaille la bas avec ma famille
Bonjour, j’ai le projet d’aller travailler en guyanne, vu offre d’emploi , il recherche souvent des infirmiere ( mon metier). j’y vais seule, Au niveau sécurité pour une femme seule es ce que sa craint. ?
Bonsoir je suis une femme seule en guyane …je n’ai jamais eu aucu soucis .6ans ici
Bien le bonjour à vous et aux lecteurs,
votre description de ce que vous ressentez de Cayenne est assez intéressant. A choisir entre Cayenne et St Laurent du Maroni pour une famille (avec enfants de 15ans et 6 ans), que conseillez-vous ?
Merci par avance
Bonjour, pour avoir fait 2 ans à SAINT LAURENT DU MARONI et maintenant sur CAYENNE je vous dis sans aucune hésitation qu’il est préférable de vivre sur l’île de CAYENNE (MATOURY, REMIRE-MONTJOLY, CAYENNE)
Bonjour , j’ai i vecu 14 ans a la Réunion , je suis arachnophone et les baboukes la bas me faisaient horriblement peur …..je ne parle’ pas des mygales !!! Rentrent elles dans les cases ou faut il vraiment lier les chercher dans les troncs d arbres pour les voir ….merci et bonne continuation Anne