Tout plaquer pour vivre dans les îles ? Oui c’est possible ! Retrouvez ici le témoignage de personnes qui ont sauté le pas et sont maintenant à Saint-Martin. Célibataire, couple ou famille, ils vous disent tout sur leur nouvelle vie au soleil.
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Vivre à Saint-Martin : ils vous disent tout !
Découvrez à travers ces témoignages, le quotidien de ces français qui ont tout quitté pour vivre à Saint-Martin. Joie ou désillusion, ils reviennent sur leur projet et leur nouvelle vie sous les tropiques.
Surtout qu’un tel départ implique forcément quelques préparatifs : entre la recherche d’un emploi, d’un logement et le déménagement, on peut vite déchanter ! Sans oublier l’installation et la vie bien après. L’éloignement avec la famille et les amis, l’intégration dans un nouvel environnement avec une histoire et une culture différente, la vie chère … Tous ces paramètres sont à prendre en compte avant toute décision. Et oui, être à Saint-Martin pour les vacances ou pour y vivre, ce n’est pas du tout la même chose !
En tout cas, pour beaucoup d’entre eux si vous leur posez la question, ils vous répondront qu’ils n’échangeraient pour rien au monde leur vie à Saint-Martin malgré le passage de l’ouragan Irma.
Témoignage de Vanessa à Saint-Martin depuis 3 ans
Le 25 janvier 2019
Je m’appelle Vanessa, j’ai 28 ans et je suis originaire de Tours (Indre et Loire 37). Je suis venue vivre à St Martin avec mon conjoint depuis le 3 décembre 2016. Donc à l’heure où je vous écris, j’entame ma 3ème année sur cette magnifque île, que l’on appelle plus communément “ notre petit caillou.”
Avant d’arriver à St Martin, j’ai habité à Orléans (45) dans le cadre de mes études d’esthétique. L’idée de SXM (c’est le nom de St Martin employé par les habitants qui vient d’un code de transport aérien.) est venue au hasard, au cours d’une discussion avec un ami qui nous annonce son installation sur « le caillou » , car il avait des amis établis là bas, eux même venus par le biais d’autres amis sur l’île (vous avez suivi ?) …
« Saint Martin ??? C’est où ça ?
Les Caraïbes ? Ouaouhhh, ça me paraît tellement inaccessible … et exotique ! » Ce fut ma réaction première.
Par la suite, mon compagnon est parti en vacances chez lui. Il a eu un coup de cœur pour l’île, ses paysages, ses attraits et ses habitants, qu’il me montrait via Skype et me faisait rêver à mon tour. Il me disait de venir le rejoindre et j’ai fini par lui répondre : « Pourquoi pas !! »
Il s’ensuit des discussions évoluant dans ce sens. Et finalement, d’une blague est né un projet. Pourquoi se contenter de rêver lorsqu’on peut vivre ce rêve ? Surtout quand il est à portée de main ? Et puis au pire, si ça ne marche pas, on repart !! Ça nous fera quand même une bonne expérience et pleins de souvenirs.
Nous avions l’habitude de déménager souvent dans le cadre professionnel et comptions partir d’Orléans à la fin de mes études. Mais où ? C’était la grande question. Il y a une quantité colossale de possibilités dans notre monde. C’est ce qui est beau aussi. Les seuls facteurs qui peuvent nous décourager, ce sont nos propres limites ! La famille, les amis, ça retient mais c’est aussi pour eux l’occasion de venir à St Martin nous voir et découvrir cette belle île. Quant au travail, on en trouve.
Mais l’île me paraissait inaccessible, loin de la France, côtoyant les Etats-Unis en face de l’île des millionnaires : St Barthélemy.
J’étais pleine de doute.
C’est ainsi que face à toutes mes interrogations, peurs et limites que je m’infligeais, notre ami installé sur l’île m’a dit une phrase que je n’ai jamais oublié : “On a la vie que l’on se donne.”
Au retour des vacances de mon conjoint, nous avons analysé la possibilité de partir. Ce n’était pas possible avant 2 ans, le temps de finir mes études. Mais c’est quoi deux ans dans une vie entière ? Des gens passent leur vie à attendre que quelque chose arrive ou change. Au moins nous, nous avions un but, un désir, un projet.
On réussira à atteindre notre objectif ! On la veut vraiment cette nouvelle vie ! On arrivera à aller « sous les sunlights des tropiques » !!!
Sous les sunlights, j’y suis allée en touriste un an plus tard lors du mariage de notre ami, qui avait trouvé l’amour sur l’île. Mon compagnon m’avait déclaré à juste titre « je veux que tu vois SXM avant de tout quitter ».
Ici, vous entendrez tout le monde dire la même chose : À SXM, il n’y a pas de demi-mesure. Soit ça passe, soit ça casse. Mais l’entre-deux n’existe pas.
Donc c’est parti pour un vol de plus de 8 h.
Verdict, j’ai adoré mes vacances. J’ai aimé l’île et son coté très atypique, les lolos, la mer turquoise, le soleil, les habitants, leur musique, leur culture, leur joie de vivre … Tout autant de choses qui me donnait encore plus envie de découvrir … Et de rester ! À mon retour de vacances, la dépression ! Retour à la grisaille, le froid, les gens pressés et pas aimables, le sourire disparu des visages. La réalité était qu’il était devenu difficile d’attendre.
Au bout de 2 ans, je passe mes examens et je les réussis. Nous sommes prêt, c’est le départ.
Ce qui nous a pris le plus de temps, c’est de choisir ce que nous allions emmener avec nous. Eh oui ! On ne peut pas prendre toutes nos affaires, les stocker dans une voiture et prendre la route. Ça demande un peu d’organisation de déménager à 10 000 km quand même ! Il faut choisir un fret maritime. Oui, mais lequel ? Il y en a tellement. Alors on demande des devis et on compare. On prend conseils des amis sur place, leur retour d’expérience. On s’inscrit sur des groupes Facebook et on pose les questions. On s’informe également sur le mode de vie en général, ce qui peut nous aiguiller sur “quoi emmener”. Il faut trier, sélectionner et synthétiser l’information. Réféchir, choisir, sacrifer, décider. C’est long, c’est épuisant, mais c’est nécessaire.
Finalement, nous avons fait une sélection drastique des affaires à emmener. On a pris le minimum vital. Après tout, on s’était dit qu’on y resterait qu’un an ou deux. On ne voulait pas se faire peur. C’était notre manière à nous, d’affronter ce grand changement. Pour nous et nos proches.
On a emmené avec nous nos vêtements (surtout d’été), de la vaisselle, notre matelas et un buffet. Concernant les meubles, j’ai toujours rêvé qu’ils soient fait de palettes. C’est beau et chaleureux. Alors c’est décidé, on fera comme ça. Et comme tout est importé sur l’île, des palettes à SXM il y en a !! Et nous avons réparti le reste de nos affaires dans nos familles, qui ont eu la gentillesse de les conserver.
Et tout se passe à une vitesse folle sauf pour les « au-revoir ». C’est dur les « au-revoir ».
3 décembre 2016 : Arrivés à Saint-Martin tard le soir, après un vol décalé de 5 h. On est fatigué : il y a en hiver, 5 h de décalage horaire avec la métropole et 6 h l’été. Mais quelle chance ! La compagnie aérienne nous rembourse une partie du billet à cause du retard induit. Nous avons donc pu alléger le coût du fret grâce à cette coïncidence.
Nous avons logé chez notre ami marié. Nous sommes sans logement, sans emploi, sans véhicule, mais nous n’avons pas peur, rappelez-vous « On a la vie que l’on se donne ! »
Après une semaine d’acclimatation à profiter, la première chose à penser c’est de trouver une voiture pour se déplacer. Alors on épluche toutes les annonces de journaux locaux, comme le fax info. Et c’est bon, nous avons la voiture !
Les étapes suivantes : le travail et le logement. La tâche n’a pas été facile. Certains critères de compétences sont importants et nécessaires la plupart du temps comme la pratique de l’anglais, de l’espagnol parfois même le créole. Cependant, une certaine souplesse de la part de quelques employeurs est accordée permettant ainsi les embauches. La difficulté étant de les trouver.
Finalement, j’ai trouvé un emploi dans l’esthétique deux mois plus tard. Très contente car je restais dans mon domaine. Mais durant ma recherche, je ne me suis pas limitée aux offres consécutives à mes études. J’ai cherché tout domaine confondu et j’ai eu la chance de trouver un emploi dans mon secteur d’activité. Si l’on veut que ça fonctionne, il faut être patient, côtoyer du monde et revoir ses critères.
La priorité pour nous était de se loger et pour ça, il fallait travailler. Finalement dans ce genre de situation, il ne faut pas se limiter qu’à son milieu professionnel. Il y a, comme tout un chacun, des emplois qui ne m’inspiraient pas. J’ai passé des entretiens pour des emplois auxquels je n’aspirais pas. Mais j’avais conscience que des sacrifices étaient nécessaires. En réalité, c’était juste le temps de se créer un réseau.
Car ici, la meilleure des publicités, c’est bien le “bouche à oreille”. C’est petit Saint-Martin, alors ça peut aller très vite !! Il y a eu des moments de faiblesse, de panique et de stress. Mais notre ami me répétait sans cesse : “T’inquiètes pas Vaness’, tu vas trouver. Et n’oublies pas, les gens en métropole passent leur vie à travailler pour s’offrir des vacances aux Antilles. Toi, t’es là. Tu y vis.”
Ça m’encourageait. Ça m’apaisait. Ça me rassurait.
À propos du logement là encore, nous avons été confrontés à une difficulté. En effet, nous sommes arrivés sur l’île pendant la haute saison de ce fait, les logements se font rares car ils sont destinés aux saisonniers. Comme je l’ai dit plus haut, ce n’est pas évident ici il y a une pénurie de logement surtout depuis l’Ouragan Irma. Et il faut également revoir ses critères. Les prix et la qualité des biens ne sont pas les mêmes qu’en métropole. La vie sur l’île se paie.
Mi-février, nous voilà avec voiture, emploi et logement en poche. On construit notre quotidien avec les avantages et inconvénients de la vie sur l’île.
Avantages : le soleil, la mer magnifique, les cultures, les langues, le climat, l’ambiance, être à proximité de beaucoup d’autres iles comme Anguilla, Saint Barthélemy, Sabbat … Faire des activités que je n’aurais pas forcement fait en métropole, comme les sorties en bateaux, me servir d’une noix de coco fraîchement coupée avec une machette comme d’un verre, voyager à Curaçao, nager avec les tortues, nager avec les dauphins, voir des requins …
Inconvénients : le prix des aliments en supermarché est beaucoup plus élevé. Donc on change nos habitudes alimentaires. Il faut également être prêt à ne pas toujours trouver nos marques habituelles. Le réseau routier n’est pas en bon état, c’est très poussiéreux. Et il y a aussi les moustiques, les mygales, les scolopendres, les tremblements de terre et les cyclones …
Quelques mois après notre arrivée, nous avons subi l’Ouragan tristement célèbre : Irma. Septembre 2017. La frayeur, l’angoisse jusqu’à la fin …
On a tous perdu quelque chose. Nous avons dû également apprendre ce qu’est la survie, le rationnement, la violence, la peur … LA VRAIE PEUR. Mais on le sait, ça fait partie du jeu. Vivre sur une île, c’est vivre avec la saison cyclonique. C’est le risque d’essuyer le plus gros cyclone de l’histoire. C’est le risque d’y perdre quelque chose. Mais c’est aussi vivre une expérience, en tant que survivant.
Ca nous a rendu plus forts, plus soudés et pour certains, ça nous a donné beaucoup d’opportunités. Mon conjoint ingénieur de métier a monté son entreprise d’électricité, domaine qui faisait partie des besoins urgents après le cyclone. Moi, j’ai retrouvé un emploi trois mois plus tard en tant qu’assistante de direction. À l’heure où je vous écris, j’y travaille toujours et ça me plaît. Donc, aucun regret !
Il y a tout de même des choses que je n’aime pas : ce n’est pas parce que l’on déménage que les tracas du quotidien disparaissent pour autant. La grande difficulté c’est la distance surtout lorsque l’on subi la perte d’un être cher comme cela a été mon cas récemment. Nous ne sommes pas auprès de nos proches, on se sent isolé. Et démunis. Mais et heureusement, il y a un réel soutien de nos amis de l’île dans ces moments là, eux même vivant le même éloignement.
Ensuite, il y a le problème de circulation. L’île est traversée par peu de réseaux routiers : il y a de nombreux bouchons comme dans une grosse ville aux heures de pointe et les chauffards ne manquent absolument pas. Je trouve la conduite ici assez dangereuse et un manque flagrant de civilité au volant comme par exemple : il n’est pas rare de voir des individus s’arrêter en plein milieu de la route pour discuter. Il faut souvent s’armer de patience.
Le shopping aussi. Les prix sont souvent très élevés. N’oublions pas, c’est une île, on importe. Ca se ressent forcement dans le prix de la consommation à certains niveaux.
Il y a sûrement d’autres choses que je n’aime pas et que j’oublie de mentionner mais compensées par tout ce que j’apprécie !
J’adore pouvoir sortir du travail et rejoindre mes amis, partager bières et tapas, faire des barbecues, manger au restaurant ou au lolo et ça à n’importe quel moment de la semaine. Oui car ici, c’est l’été toute l’année ! Il fait beau, on vit dehors. Bon j’exagère, il pleut aussi ici mais c’est appréciable.
J’adore être écovolontaire et participer aux relevés de pontes des tortues (tiens, encore un « truc » que je n’aurais pas fait en métropole).
J’adore pouvoir me dire le vendredi soir : ” Et si demain, on allait à Anguilla ? Ou Pinel ? Ou Tintamarre ? On se fait une plage ? Mullet ? Maho ? Baie rouge ? Grand Case ? ” Manger les pieds dans l’eau, vivre au rythme de la musique, de la fête.
J’adore également observer le coucher de soleil depuis chez moi, la vue des palmiers, nos montagnes … La beauté des paysages que nous offre notre petit caillou est pour moi, à couper le souffle.
En fait j’ai l’impression qu’ici, il est plus facile de sortir de son cocon. On rencontre des gens plus facilement, on se parle plus facilement, nous possédons un réel sens du partage. Car nous sommes pour beaucoup d’ entres-nous, des “expatriés”. Ainsi, nous nous comprenons facilement et sûrement inconsciemment, nous souhaitons compenser ce fait.
C’est comme partout : il y a des inconvénients mais aussi des avantages. À vous de voir si pour vous, les avantages surpassent les inconvénients. Pour moi, il est clair que oui. J’y ai gagné en qualité de vie. Et ça, ça n’a pas de prix.
J’ai le souhait que mon expérience personnelle vous encouragera à réaliser vos rêves. Nous n’avons qu’une vie et il me semble important d’aller au bout de ses rêves, peu importe que vos proches vous soutiennent ou pas ! Même s’il est dans ce cas moins facile de faire la démarche, vous ne vivez pas pour eux !! MAIS POUR VOUS !!
Mieux vaut vivre avec des remords qu’avec des regrets. Alors lancez-vous !!
Vanessa F.
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